Pınar Selek
La Situation de la Femme en Turquie et Dans le Monde Musulman

 

La Situation de la Femme en Turquie et Dans le Monde Musulman

Mon sujet est "La Situation de la Femme en Turquie et Dans le Monde Musulman"

Depuis quelques années, surtout les dernières, les féministes turques sont beaucoup sollicitées pour prendre la parole ou écrire sur ce sujet : « La Situation De La Femme Dans le Monde Musulman »

On ne peut que se demander pourquoi ? Pourquoi en Europe, veut-on autant discuter sur la femme Musulmane et sur ses problèmes ? Je n'ai pas ici le temps de répondre à cette question de manière exhaustive mais il suffit de regarder ce que vivent les immigrants de toutes les sociétés pour commencer à répondre la question.

Avant tout, nous devons accepter que nous, les femmes du monde entier, nous n'avons pas pu nous débarrasser du patriarcat. Dans le monde musulman, dans le monde chrétien, à l'Est, à l'Ouest, au Sud ou au Nord, le patriarcat use des différents mécanismes de pouvoir et ce jusqu'à présent. La liberté n'est pas venue... Un peu partout, pour être considéré comme un "vrai homme" ou une "vraie femme", il faut se comporter à cent pour cent comme un hétérosexuel et se conformer aux stéréotypes de genres.

Les rôles et statuts des hommes et des femmes varient d'une société à l'autre. Les conceptions de pouvoir sont si profondément ancrées que nous ne les voyons pas facilement. Surtout avec la globalisation qui marche de concert avec les politiques néo-libérales, conservatrices et guerrières, le patriarcat s'en trouve renforcé. L'insécurité, la colonisation, le chômage, la consommation se conjugue de plus en plus au féminin dans le monde entier.

Dans le paysage politique actuel, on observe un renouveau des mouvements chrétiens de droite en Afrique et aux Etats-Unis et l'apparition de nouveaux mouvements religieux de droite au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.  De façon très ironique, cependant, la droite américaine chrétienne et la droite musulmane du moyen orient se rejoignent dans leur opposition en général aux droits sexuels dans les forums politiques internationaux.

 

Dans ce grand tableau, comment est la situation de la femme dans le monde musulman?

 

1 Premièrement, l'Islam ne saurait être retenue comme seul élément de définition de ces sociétés dites musulmanes. Si nous parlons de la femme Iraquienne, de la femme Palestinienne, Tunisienne ou de la femme Turque, nous ne pouvons pas dire que leur point commun principale est l'Islam. Définir ces pays comme « le Monde musulman » est par trop réducteur tant ces pays présentent de différences. La religion n'y est pas le point commun principal dans ces pays. Si on considère des pays comme Israel, la Palestine, la Tunisie, le Liban, l'Irak, l'Iran, le Maroc, l'Algérie on constate des points communs ou des ressemblances dans la situation de la femme mais la cause principale n'en est pas l'Islam.

2 Nous ne pouvons pas dire que la philosophie de l'Islam est plus réactionnaire que le Christianisme. Et nous savons que l'Islam se voit plus progressiste sur les droits humains et féminins. En général, nous les féministes, nous ne trouvons pas une grande différence entre ces deux religions.  Mais nous pouvons dire que le procès de Reforme qui est vécu dans l'Europe, n'est pas vécu dans les sociétés musulmans alors l'İslam n'a pas vécu cette transformation moderne.  Dans ces sociétés, le capitalisme s'est développé plus tard et ce développement et le changement social se sont réalisés en général dans des liens coloniaux sauf pour l'Iran et la Turquie.  De ces dynamiques, il n'est pas résulté une rencontre, un conflit, une lutte sociale avec la religion et les mécanismes sociaux traditionnels. Les mouvements sociaux ont généralement eu lieu contre le colonialisme et  se sont nourris de la religion et des traditions.

3 Avec l'occidentalisme et le manque de connaissance, on définit les formes de violences traditionnelles et culturelles comme les victimes de l'honneur, les mutilations génitales féminines (Somali, Egypte, Kenya), le test de virginité dans le cadre de l'Islam. Le développement de la droite  islamique qui plaide ces traditions patriarcales au nom de l'Islam a fortifié ce point de vue.

4 De nos jours, l'Islam a des sens politiques et même si pour différents intérêts, on peut voir des points communs dans l'arène politique. Par exemple, les mouvements Arabes utilisent les politiques Islamistes contre l'Etats-Unis, Israël et le colonialisme. Alors contre le modèle de femme occidentale, ils insistent le modèle Islamique. Aussi, on considère l'homosexualité comme une pratique "occidentale", "importée" de l'Ouest et qui menace de saper l'ordre social et moral.

5 Les partis islamiques n'ont pas tous des politiques anti colonial. Par exemple en Turquie, le parti au gouvernement, l'AKP, est un parti libéral et conservateur. Le conservatisme de ce parti, promet aussi le globalisme. Les politiques de ce gouvernement sont très proches des politiques des Etats-Unis mais avec des valeurs islamiques.

6 La montée des mouvements religieux de droite dans les sociétés musulmanes au cours des deux dernières décennies a conduit au renouveau et à l'importation de coutumes particulières là où auparavant on n'en avait jamais entendu parler. Par exemple, les mutilations génitales féminines (MGF), répandues avant l'Islam dans diverses communautés africaines, y compris dans des communautés chrétiennes et juives, qui ne sont même pas mentionnées dans le Coran, étaient auparavant inconnues dans une grande partie du monde musulman. Cependant, en Egypte par exemple, en dépit des efforts intensifs du mouvement féministe pour éradiquer cette pratique et pour faire prendre conscience qu'elle n'a pas de fondement dans l'Islam, les groupes conservateurs islamistes continuent d'en faire la promotion.

7 Quoique l'usage importé ou réactivé de ces "traditions" comme les MGF puissent être récentes, en appeler à la culture nationale ou à la tradition est une façon courante de faire opposition aux droits humains autour du genre et de la sexualité. Beaucoup d'autres exemples existent. En Pologne, l'avortement était légal à l'époque du socialisme. Cependant en 1993, après la transition qui a suivi la chute du mur de Berlin, on l'a rendu illégal, sous prétexte d'être en accord avec les "valeurs chrétiennes traditionnelles", du fait d'un gouvernement impatient de gagner de une popularité auprès de l'électorat largement catholique.

8 Les idéologies qui affirment que les femmes devraient être pures et chastes et rester vierges jusqu'au mariage peuvent conduire à des mutilations génitales féminines, à des crimes d'honneur, à des restrictions de la mobilité des femmes ou de leur participation à la vie économique et politique. Les idées selon lesquelles les hommes devraient être 'macho' peuvent signifier que la violence sexuelle des hommes est attendue d'eux plutôt que condamnée

9 Le genre est l'une de ces influences, à savoir le fait de s'attendre à ce que les femmes et les hommes, les filles et les garçons se comportent différemment les uns des autres (ainsi que de s'attendre à ce que chacun soit de sexe soit masculin soit féminin et ne soit pas transgenre). Ceux qui se conforment à ces attentes, comme les filles qui subissent des mutilations génitales féminines ou qui sont mariées précocement, peuvent souffrir de limiter leur sexualité à des relations étroites et inégales. Les garçons peuvent avoir à en payer le prix aussi. Par exemple, dans des endroits aussi divers que la Turquie, le Pakistan et le Brésil, de nombreux garçons sont conduits très jeunes au bordel par leur père, leurs frères ou leurs amis, sans qu'ils en aient envie ou qu'ils soient prêts pour une pareille expérience et qui s'avère parfois traumatisante.

10 Le monde musulman n'est pas en dehors de la globalisation. Qu'est devenu le monde musulman avec la globalisation ? La globalisation propose une culture de masse uniforme et reproductible quelque soit le contexte. En cette ère, l'exploitation dépasse les frontières de l'Etat nation et les mécanismes de pouvoir gagnent de l'ampleur. La politique, les religions, l'art, les personnes, l'environnement sont reconstruits pour la consommation. Les hiérarchies, déjà existantes dans la société, s'ajoute à cette énorme entreprise magmatique. La culture devient alors une illusion et du coup un instrument de désinformation et de contrôle de la pensée. Les personnes ou les groupes, vivant selon des habitudes et des valeurs différentes, rencontrent de plus en plus de difficultés à s'adapter aux nouvelles formes de répartition du travail déterminées par des besoins globaux et sont marginalisées. Quiconque ne parvient pas à s'y habituer est assimilé ou exclu de différentes manières.  Nous pouvons assister à l'émergence de projets urbains répondant à des besoins globaux. Nous nous trouvons désormais en présence d'individus atomisés, sans interactions les uns avec autres, le tout relayé par une absence de communication sociale directe. Les mass media et la télévision en particulier sont devenus la référence et ils imposent les vérités prêtes à consommer des reality-shows. Les caméras de sécurité pullulent et ponctuent le paysage urbain.   C'est le tableau de l'anéantissement de la société civile. La globalisation ne fait que développer des mécanismes d'exclusion déjà existants. Et on voit bien que la pauvreté augmente dans  « le monde musulman » marqué par une structure post coloniale.

 

11 Dans le monde musulman, par rapport au colonialisme, il y a des gouvernements anti démocratiques et totalitaires. Il y a une grande pression et la violence contre les mouvements sociaux. En général, nous voyons dans une scène postmoderne, la dictature et la Chariat (législation musulmane). Le néo-conservatisme qui se développe dans le monde entier de concert avec le néo-libéralisme utilise la religion dans le monde musulmane.

 

12 Et que dire la guerre ? Sans examiner les conditions propres à la guerre on ne peut pas comprendre la position de la femme ni sa lutte...  La guerre ne se limite pas au monde Musulman. Elle  est aujourd'hui universelle, globale. Un climat de guerre et de conservatisme règne mondialement. La violence est acceptée dans le monde entier comme une réalité indiscutable. La guerre moderne détruit tout... Nous plions sous le joug de mécanismes de pouvoir illimité. Nous restons silencieux et nous obéissons.  L'image de Irak, image des corps empilés les uns sur les autres, l'image d'une existence pleines de membres, têtes, bras et jambes enchevêtrés. Cette image d'un monde dénué de tout droit est devenue notre réalité. C'est notre image. Face à l'horreur de ce tableau nous nous noyons, nous sombrons dans un désespoir sans fond qui nous vide, qui nous perd, qui nous laisse sans voix. Et nous posons des questions : Comment s'exprimer librement ? Comment cultiver l'espoir quand les chairs sont meurtries et les âmes traumatisées? Privés ainsi de débat démocratique et contradictoire, de réflexion critique et sensible, nous sommes perdus dans l'aliénation, la consommation et la violence. C'est une réalité mondiale mais le monde musulman est devenue une arène de la guerre globale. Les tensions se sont accrues entre l'occident et le monde musulman suite au 11/9 et à l'invasion de l'Irak qui a suivi. Et les conflits continuent en Irak, au Darfour et ailleurs. Tout cela annonce un climat plus hostile pour les luttes en faveur des droits sexuels et de l'égalité de genre. Le problème n'est pas seulement le renforcement des institutions aux valeurs conservatrices autour du genre et de la sexualité. Il est aussi que les idéologies autour de la sexualité deviennent un outil pour accroître le pouvoir politique. D'un côté la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre (viols,...), et dans le même temps l'administration américaine argumente en disant qu'elle "sauve les femmes de l'exploitation sexuelle" pour justifier l'invasion de l'Afghanistan.

 

13 Pourtant dans le monde musulman, qui plie sous le poids de la guerre, de la globalisation, de la pauvreté, de la violence et de la dislocation, dans des contextes nationaux de montée du conservatisme, du nationalisme et du militarisme, le mouvement de femmes s'est organisé.  Les politiques gouvernementales tendent à nous fermer toutes les portes, toutes les fenêtres, à nous barrer les routes. Mais les femmes construisent les chemins...

Comment ?

 

1 Le mouvement de femmes s'est formé dans ces conditions de violence, où règnent l'interdiction de pensée, d'organisation ,de manifestation...  Dans ce tableau, on trouve un mouvement de femmes très fort, dynamique qui parviennent à se maintenir et à tisser des liens internationaux malgré la tyrannie. Ce mouvement qui a des liens internationaux, peut garder sa force et ses activités malgré a la tyrannie, peut changer les lois et créer ses espaces de réflexion, de solidarité.

2 Je vais parler plus en détail du mouvement en Turquie... Mais avant pour terminer sur le monde musulmane, je voudrais vous parler de la Coalition Des Droits Sexuels et Corporels Dans Les Sociétés Musulmanes. Cette coalition montre le niveau de développement du mouvement des femmes dans ces sociétés.

3 Coalition : La Coalition Des Droits Sexuels et Corporels Dans Les Sociétés Musulmanes, est un réseau de solidarité des organisations et des académiciens qui travaillent pour obtenir les droits sexuels et corporels dans les sociétés musulmanes. Cette coalition qui est formée par des activistes, des académiciens et des représentants des organisations du Moyen Orient et d'Afrique du Nord, s'est élargie dans le Sud et Sud Est Asiatique. La coalition compte 60 organisations de 14 pays comme l'Algérie, l'Egypte, la Cisjordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Tunisie, la Turquie, l'Arabie Saoudite, le Bangladesh, Endosse, la Malaisie, le Pakistan et les Philippines. 

§     Ce réseau s'est établie sur le principe suivant : «  Tous les gens de tous les sexes, âges, nationalités, classes, religions et orientations sexuelles, ont le droit de garder le totalité et l'autonomie sexuel et corporel et de décider librement pour tous les sujets de leur sexualité.

§     Toutes ces organisations rencontrent des difficultés dus à des tabous renforcés par les forces politiques conservatrices. Les politiques sur la sexualité dans le monde entier sont augmentés avec les guerres et l'économie de consommation. Face à ce tableau, le coalition s'oppose à ces tabous sexuels en luttant contre le patriarcat, le militarisme, le nationalisme, la racisme, le hétérosexisme, contre tous les mécanismes de pouvoir et violence.

§     La coalition déclare que les forces politiques conservatrices travaillent avec détermination. Durant les derniers dix années, le corps et la sexualité des femmes sont devenus un espace de bataille. Les forces politiques de droite İslamiques travaillent à renforcer les mécanismes de controle sexuel des femmes. Cette année, Les Nations Unies furent la scène de coalition des forces de droites islamiques et catholiques. L'objectif est interdire les droits sexuels des femmes.

§     Contre ces politiques, les mouvements de femmes dans le monde entier sont solidaires. Surtout les derniers dix années, dans les sociétés musulmanes, des centaines d'organisations de femmes luttent contre les crimes d'honneurs, la violence et la fermeture sexuels, l'exclusion de la sexualité de la femme, les tests de virginité et les règles vestimentaires...

§     Grâce à cette coalition, les différentes organisations féminines présentes dans les sociétés musulmanes, peuvent partager leurs connaissances et expériences en organisant ensemble, des manifestations, des recherches, des discussions.

§     Le réseau a permis de briser l'isolation d'ONG qui travaillaient sur la sexualité dans diverses sociétés musulmanes, favorisant la création de nouvelles organisations dans ce domaine et améliorant leur visibilité et leur légitimité à la fois dans leur pays et au niveau international (par exemple au niveau des NU). Il a aussi aidé les gens à comprendre les liens qui unissent les différentes questions de de la sexualité et à développer des perspectives plus globales sur la sexualité.

 

 

En Turquie:

 

4 L'histoire de la lutte de liberté des femmes commence par la lutte individuelle comme dans le monde entier.  Au temps de l'empire Ottoman, nous avons des mouvements de femmes qui parlent de liberté et d'égalité. Après la République, la demande d'une « liberté de la femme » est prononcée dans les mouvements gauches. Jusqu'à 1980, en Turquie, les mouvements des ouvriers, des paysans, des étudiants, des élèves, les parties de gauche étaient assez forts et il y avait une lutte sociale.

5 En 1980, il y a eu un coup d'état... A peu près sept - huit années, nous avons subi une dictature et le commandant de l'armée est devenu le président de la république. Je me rappelle, beaucoup de gens furent tués, arrêtés ou durent fuir à l'étranger. Tous étaient interdits. Parler, lire, discuter, s'organiser... Tous les écrivains, les intellectuels étaient en prison. A peu près deux cent milles personnes était en prison. Il y avait des femmes mais la plupart étaient des hommes. Alors, beaucoup de femmes sont restées seules. Ces femmes sont à l'origine de l'organisation féministe en Turquie.

6 Apres cinq années de Coup d'Etat, au 1985, les premières actions sociales en Turquie, sont des actions féministes. On les a arrêté mais la lutte féministe a continuée. Avec cette lutte beaucoup de femmes ont pris part à ce mouvement. On a fait des meetings contre la bastonnade, contre la torture, contre les tabous...

7 Depuis le 25 années, la démocratie s'est réalisée relativement, les mouvements sociaux ont commencé à s'organiser. Le mouvement féministe a eu un rôle important dans la démocratisation en Turquie.

8 Mais la guerre ne permet pas d'ouvrir vraiment la porte de démocratisation. En Turquie, depuis longtemps nous vivons tous les maux de la guerre. Des milliers de Kurdes sont dans les montagnes, dans les maquis. Or il n'est pas facile de discuter dans le bruit des armes et des cris du militarisme... Nous subissons la mort, la torture, la prison, l'interdit et les lois de lynchage.  La guerre est surtout concentrée dans une région mais s'exprime également dans le reste du pays. Nous ne pouvons pas l'arrêter. De plus, le temps faisant, on finit par s'accoutumer à la guerre comme on s'habitue à une main coupée. La plupart des gens, évoluant dans un désespoir appris, choisissent de se distancer de ce contexte et de ne rien voir...  Mais le mouvement des femmes continue à bouger pour l'égalité, la paix et la liberté. Maintenant on peut dire qu'en Turquie, le mouvement social le plus fort et le plus actif est celui des femmes.

9 Jusqu'à la guerre, le mouvement des femmes se concentrait principalement à l'Ouest de la Turquie. A l'Est où vivent les Kurdes, les conditions sont différentes. Les femmes Kurdes sont victimes de discriminations nationales et sexuelles. Le mouvement Kurde, s'est attaché à faire reconnaître les droits politiques et culturels des Kurdes dans la constitution nationale. Au sein de ce mouvement, les femmes se retrouvent dans une situation de devoir mener un double combat :  l'une aux côtés des hommes de leur groupe, contre l'État. Le mouvement Kurde a créé un espace pour un mouvement des femmes, qui a lancé le débat sur les droits des femmes et les discriminations et inégalités sexospécifiques dont elles sont victimes. Mobilisées au sein des villes et des villages, des organisations régionales et des municipalités autonomes, les femmes ont adopté les «lois révolutionnaires des femmes », qui remettent en cause leurs rôles traditionnels et l'oppression dont elles sont victimes au sein de leur communauté. Elles ont questionné le gouvernement, la famille, la société et les modèles économiques qui maintiennent les peuples dans la pauvreté et ont aussi appelé à la transformation des relations de pouvoir sexospécifiques au sein de la famille. Alors on dit que dans cette région, on vit une révolution sociale. Malgré les pertes de la guerre, le statut de femmes Kurdes est changé dans les dix années.

 

A l'est ou a l'ouest de la Turquie, le mouvement des femmes est fort. On mène des campagnes contre la guerre, la pauvreté, la violence, l'exclusion politique.

 

1 Dans chaque ville il y a au moins une organisation de femmes. Dans les grandes villes il y en a beaucoup. Par exemple a Istanbul, il y a plus de 40 organisations de femmes et la plupart sont féministes.

2 Ces organisations ne sont pas incohérentes entre-elles. Même les plus différents agissent ensemble pour lutter contre les problèmes des femmes.

3 les organisations de LGBT ont joué un rôle important pour stimuler le mouvement des droits sexuels. Cependant, l'approche par les droits sexuels peut dépasser les identités particulières et elle est globalement considérée comme pertinente pour les personnes de toutes  orientations sexuelles et de toutes identités de genre.

4 Contre les événements contre la femme, le mouvement féministe a un réflexe commun et prend très vite la pose.

5 Ses actions sont efficaces, on peut utiliser les media.

6 Le mouvement des femmes intervient pour le changement des lois. Par exemple Le Code Civil  et Code Pénal... Les organisations de femmes, qui faisaient campagne pour une réforme du code pénal du point de vue des droits sexuels, et opposées à la criminalisation de l'adultère, faisaient des demandes qui étaient "étrangères" à la société turque. Finalement, l'adultère ne fut pas criminalisé, et la campagne de la plate-forme des femmes fut couronnée de succès...  La défense des idées, les campagnes de pression, de propagande et de sensibilisation de la société constituent une forme de citoyenneté « par la pratique». Ces combats s'illustrent notamment dans l'organisation des femmes, dans les domaines aussi bien formels qu'informels. Les activités de la campagne ont démontré que les relations entre l'état et les femmes pouvaient évoluer. Les femmes impliquées dans la campagne ont pris conscience de leurs droits et sont devenues des acteurs politiques, riches de l'expérience d'avoir mené une campagne pour une réforme légale.

7 Certaines de ces organisations sont libres de toutes les forces politiques et économiques. Elles comprennent des femmes de diverses cultures, classes et orientations sexuelles. On peut créer ses espaces de réflexion et de solidarité. Par exemple le mouvement a des magasins féministes, des bibliothèques, des librairies féministes. On voit le besoin à l'analyse féministe. Par exemple le magasine de théorie féministe qui s'appelle Amargi est vendue à trois milles exemplaires. Cela présente un grand intérêt un grand intérêt. C'est important. Des milliers des gens achètent en Turquie un magasine féministe, et qui de plus est théorique et politique.

8 Les combats collectifs peuvent permettre aux organisations féministes d'influencer les organisations mixtes comme les partis, syndicats etc....

9 A peu près dans toutes les universités, il y a la section de recherches sur le sexisme.

 

MAIS... IL Y A DES PROBLEMES :

 

1 En l'Etat actuel des choses on ne peut pas arrêter la guerre et la militarisation. L'impact des guerres, le nationalisme, le militarisme, la globalisation, tous les rapports de forces et de pouvoirs auxquels nous nous heurtons sont autant de problèmes très difficiles à résoudre.

2 Dans les démonstrations de puissance et dans les discours de dénigrement, le militarisme est accepté comme la seule voie politique. Ce qui est militaire, ce qui est masculin, ce qui est fort s'élève au rang de justice. On persiste à croire que la paix puisse naître après la guerre. Et chacun écrit sa vérité aux montagnes, aux mers et au ciel. Ne pouvant pas mener de politique efficace, organisée et active, la position pacifiste est considérée comme élitiste, libérale, blanche, timide et féminine. Le pacifisme a perdu depuis longtemps sa réalité.

3 Le regard féministe est efficace mais n'est pas assez social...

4 Les secours monétaire, les procès internationaux se généralisent en Turquie. L'Union Européenne, Les Nations Unies donnent de l'argent à des organisations féministes. Alors, le travail féministe se professionnalise. Les engagements volontaires diminuent. Quand on reçoit beaucoup d'argent il est difficile de garder le romantisme.

 

Mais on discute de ces problèmatiques dans les magazines, dans les réunions, dans les conférences :

1 Nous réfléchissons aux formes de pouvoir qui s'expriment aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans la politique internationale. Nous nous interrogeons, nous questionnons radicalement sur les mécanismes de violence dans nos sociétés soumises au nationalisme, à la discrimination, à l'appauvrissement culturel, à l'ultra libéralisme, au sexisme, à l'hétérosexisme, au militarisme  et à la guerre. 

2  La perspective féministe éclaire les liens entre les pouvoirs sociaux. Elle donne la force d'analyse qui permet de comprendre la violence de l'espèce ainsi que les expériences de résistance pour la liberté. Mais en Turquie, comme en Europe, le mouvement des femmes qui n'est pas encore uni autour du féminisme rencontre des difficultés à orienter ses bénéfices vers une liberté radicale.  Il y a des groupes féministes mais en présence d'un mouvement des femmes, certes très fort, mais qui ne lutte pas nécessairement contre les constructions nationalistes, hétéro sexistes, capitalistes et militaristes, il est alors plus difficile de trouver les remèdes à nos blessures.  Nous rencontrons des difficultés à dépasser les préjugés et à unir des cultures différentes.  Comme le patriarcat se renouvelle continuellement, toujours nous repartons du commencement et nous articulons notre action sur les dynamiques contre lesquelles nous nous opposons.

3 Le patriarcat influence différemment nos vies en fonction de notre statut dans la hiérarchie sociale. Ainsi, pour interpréter, mais aussi pour changer la vie, nous cherchons à voir nos différences dans la réalité commune. Voir les différences et les ressemblances est important pour connaître les différentes formes du féminisme qui est une idéologie mais aussi un mouvement pour la liberté.

4 Pour nous connaître et nous aider à tisser de fortes relations entre les femmes,  nous discutons : Comment pouvons nous nous rencontrer ? Comment pouvons-nous créer ensemble un terrain politique en connaissance de nos différences et sans dériver vers un idéal de société mondiale globalisée et uniforme ? Nous discutons pour développer une nouvelle conception de la démocratie et du pluralisme. Nous cherchons un terrain pour saluer, inviter, écouter, regarder, entendre, voir, appendre et partager au lieu de champs de bataille.

 

Le degré terrible du patriarcat force le mouvement féministe à se ressaisir.  Nous voulons créer un souffle commun. Un souffle international dont la puissance donnera la force à toutes les femmes et permettra de garder l'espoir de changer le climat mondial.

 

Pınar Selek

My speach Universty of Vigo, Spain

Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Pınar Selek
Mahkeme Süreci Court Process