Les comités de soutien à Pinar Selek, sociologue turque condamnée à la prison à vie dans son pays et doctorante à l'université de Strasbourg, ont demandé lundi à François Hollande de plaider sa cause durant son voyage à Ankara, les 27 et 28 janvier prochains.
Connue pour ses travaux sur la question kurde, cette universitaire de 43 ans a été accusée en 1998 d'avoir posé une bombe au bazar ottoman d'Istanbul, où une explosion avait fait sept morts et plus de cent blessés.
Pour ses soutiens, en France ou en Turquie, il s'agit d'une machination.
« Emprisonnée et torturée, elle a refusé de livrer les noms des militants kurdes sur lesquels elle conduisait une enquête sociologique », a affirmé Jean-Pierre Djukic, porte-parole du Comité de soutien universitaire à la jeune femme, lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
« Le régime turc lui fait payer un prix très lourd pour son attachement à l'éthique scientifique », a-t-il ajouté en demandant à François Hollande de « réclamer vigoureusement l'acquittement définitif de Pinar Selek ».
« Pinar est poursuivie pour ce qui est le plus fondamental dans la vie de l'université, la liberté d'établir des connaissances et de les diffuser, c'est sa mission depuis le Moyen-Âge », a ajouté Alain Béretz, président de l'Université de Strasbourg.
L'absence de preuves de son implication dans une explosion qui serait due au gaz, selon des experts cités par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, ont permis à Pinar Selek d'être acquittée trois fois, avant d'être condamnée le 24 janvier 2013 après un nouvel appel du parquet.
Dans l'attente d'une audience de la Cour de cassation turque qu'elle a saisie, la sociologue vit réfugiée en France où elle a obtenu l'asile politique, alors qu'Ankara a émis à son encontre un mandat d'arrêt international.
Faite citoyenne d'honneur de la ville de Strasbourg et docteur honoris causa de l'Ecole normale supérieure de Lyon, cette militante féministe soutiendra en mars à Strasbourg sa thèse sur « l'analyse des interactions entre les mouvements d'opposition kurdes, arméniens, féministes et LGBT en Turquie ».
"Je reste patiente. J'ai l'espoir de rentrer chez moi l'année prochaine", a-t-elle déclaré dans un français hésitant.
Source: http://www.zamanfrance.fr/article/soutiens-pinar-selek-interpellent-hollande-7325.html