Nous sommes chercheurs français, historiens, et nous sommes ici pour soutenir Pınar Selek, sociologue turque, pour témoigner de notre admiration pour son travail, et pour affirmer notre conviction de son innocence.
Nous vivions à Istanbul en 1998, lors de l’explosion du marché égyptien. Dès cette époque, l’arrestation de Pınar Selek nous a beaucoup choqués, d’autant plus que les rapports d’experts ont rapidement conclu à une explosion accidentelle.
Nous avons pris connaissance des activités de recherche de Pınar, son implication et ses réalisations en faveur des femmes, et des milieux défavorisés, et contre la guerre.
Oui, Pınar est une « activiste » de la recherche. C’est une chercheuse qui ne se contente pas de fréquenter les bibliothèques et les colloques. Elle ne se contente pas d’observer froidement les humains comme on observe des insectes. Elle est, comme nous, une chercheuse de terrain, qui pratique l’observation participante, méthode éprouvée de la sociologie moderne.
Mais, aux yeux de certains, elle est coupable : de s’intéresser aux défavorisés, de les assister, de s’être prononcée contre la guerre qui a engendré tellement de misères.
Nous connaissons dans le détail l’histoire de la vie brisée de Pınar Selek : son emprisonnement, les tortures qu’elle a subies, le cauchemar judiciaire qu’elle endure depuis douze ans, les odieuses campagnes de diffamation dans la presse et sur Internet.
On doit savoir, ici, que dans le monde entier on connaît l’affaire Pınar Selek. Partout, on dénonce l’acharnement judiciaire dont elle est victime, et nous réclamons pour elle le droit de vivre et travailler librement dans son propre pays.
Pınar Selek n’est pas seule. Nous savons malheureusement qu’elle n’est pas seule dans son cas. Nous pensons notamment à Ismail Besikçi ou à Perihan Magden, nous pensons aussi à Hrant Dink et à l’attentat manqué contre Akın Birdal en 1998.
Nous sommes convaincus que ces personnes inquiétées, emprisonnées, parfois assassinées pour avoir simplement émis une opinion, dans le cadre de la démocratie,représentent en réalité l’avenir de la Turquie.